LA VOIE DU CHAMANE introduction
INTRODUCTION
Les chamanes – que, dans le monde dit « civilisé »,
nous avons appelés « hommes-médecine » et « sorciers » –
sont les gardiens d’un ensemble remarquable d’anciennes techniques qu’ils
utilisent afin d’obtenir et de maintenir le bien-être et la santé pour
eux-mêmes et les membres de leurs communautés. Ces méthodes chamaniques
sont étonnamment similaires à travers le monde, même chez des peuples dont
les cultures sont tout à fait différentes sous d’autres aspects, et qui
ont été séparés par des océans et des continents pendant des dizaines de
milliers d’années.
Ces peuples prétendus primitifs ne possédaient pas notre niveau avancé de
technologie médicale, aussi avaient-ils d’excellentes raisons de
développer les capacités thérapeutiques de l’esprit humain pour la santé
et le soin. L’uniformité fondamentale des méthodes chamaniques suggère
que, par l’intermédiaire d’essais et d’erreurs, ces peuples parvinrent aux
mêmes conclusions.
Le chamanisme est une grande aventure mentale et émotionnelle dans
laquelle sont impliqués le patient aussi bien que le chamane guérisseur.
Par son voyage et ses efforts héroïques, le chamane aide ses patients à
transcender leur définition ordinaire de la réalité, ainsi que leur
définition d’eux-mêmes en tant que malades. Le chamane montre à ses
patients qu’ils ne sont pas seuls, émotionnellement et spirituellement,
dans leurs combats contre la maladie et la mort. Le chamane partage ses
pouvoirs exceptionnels et convainc ses patients, à un niveau profond de
conscience, qu’un autre être humain est prêt à leur faire don de soi afin
de les aider. L’autosacrifice du chamane éveille en retour chez ses
patients un engagement émotionnel proportionnel, un sens de la nécessité
de lutter avec lui pour se sauver eux-mêmes. Le cœur et la cure vont
ensemble.
Nous découvrons aujourd’hui que même les quasi-miracles de la médecine
moderne occidentale ne sont pas toujours capables de résoudre complètement
tous les problèmes des malades ou de ceux qui souhaitent éviter la
maladie. De plus en plus, les professionnels de la santé et leurs patients
cherchent des méthodes de soins complémentaires, et de nombreux individus
bien portants s’engagent dans une démarche personnelle afin de découvrir
des approches alternatives pratiques qui apportent le bien-être. Mais il
est souvent difficile pour le profane, et même pour le professionnel de la
santé, de distinguer ce qui est infondé de ce qui est efficace. En
revanche, les anciennes méthodes du chamanisme sont déjà éprouvées par le
temps ; en fait, elles ont été testées depuis un temps
incommensurablement plus long, par exemple, que la psychanalyse et
diverses autres techniques psychothérapeutiques.
L’un des objectifs de ce livre est d’aider, pour la première fois, les
Occidentaux à bénéficier de ce savoir pour compléter les approches de la
médecine contemporaine.
En employant les méthodes décrites dans ce livre, vous aurez la
possibilité d’acquérir l’expérience du pouvoir chamanique et de vous aider
vous-même ainsi que les autres. Dans mes séminaires d’apprentissage du
pouvoir et de la guérison chamaniques, en Amérique du Nord et du Sud, au
Japon, en Australie et en Europe, les étudiants ont démontré maintes fois
que la plupart des personnes qui le désirent peuvent facilement s’initier
aux fondements de la pratique chamanique. Cette voie ancienne est si
puissante et puise si profondément dans l’esprit humain que les systèmes
de croyances culturels usuels, ainsi que les suppositions de tout un
chacun au regard de la nature de la réalité, sont dénués de toute
pertinence face à elle.
D’aucuns se demanderont si le chamanisme peut être appris dans un livre.
Dans une certaine mesure, la question est fondée, car finalement la
connaissance chamanique ne peut être acquise qu’à travers l’expérience
individuelle. Vous devez cependant apprendre les méthodes afin de les
utiliser. Elles peuvent être apprises de différentes façons. Par exemple,
chez les Conibo de la Haute-Amazonie, apprendre des arbres est considéré
comme supérieur à apprendre d’un autre chamane. Chez les aborigènes
sibériens, une expérience de mort-renaissance était souvent une source
majeure de connaissance chamanique. Dans certaines cultures orales, des
individus répondent spontanément à « l’appel » du chamanisme
sans aucun apprentissage formel, alors que dans d’autres, ils s’entraînent
sous la direction d’un chamane durant une période qui peut varier d’un
jour à cinq ans ou plus.
Dans la culture occidentale, la plupart des gens ne connaîtront jamais de
chamane traditionnel, sans même parler d’apprendre auprès de l’un d’eux.
Cependant, puisque nous sommes dans une culture de l’écrit, vous n’êtes
pas obligé de vous trouver dans une situation traditionnelle
d’apprentissage pour apprendre : un livre peut fournir les
informations méthodologiques essentielles. Bien qu’il puisse sembler
gênant au premier abord d’apprendre les techniques chamaniques par ce
biais, persistez ! Vos expériences chamaniques prouveront leur propre
valeur. Comme dans tout autre domaine d’apprentissage, il est bien sûr
enrichissant de travailler directement avec un professionnel. Ceux qui
donc souhaitent peuvent participer aux séminaires de chamanisme de la Foundation
for Shamanic Studies (voir l’appendice
A).
Dans le chamanisme, le maintien du pouvoir personnel est fondamental pour
le bien-être. Ce livre vous présentera certaines des méthodes chamaniques
de base permettant de restaurer et de maintenir le pouvoir personnel, et
de l’utiliser en vue d’aider ceux qui sont faibles, malades ou blessés.
Les techniques sont simples et puissantes. Leur utilisation ne requiert ni
la foi ni des changements dans votre façon de concevoir la réalité dans
votre état de conscience ordinaire. En fait, ce système n’exige même pas
un changement dans votre inconscient, puisqu’il ne fait qu’éveiller ce qui
est déjà présent en vous. Cependant, bien que les techniques fondamentales
du chamanisme soient simples et relativement faciles à apprendre, la
pratique effective du chamanisme exige de l’autodiscipline et du
dévouement.
En s’engageant dans la pratique chamanique, on passe de ce que j’appelle
un État de conscience ordinaire (ECO) à un État de conscience chamanique
(ECC) Ces états de conscience permettent de comprendre, notamment, ce
qu’entend Carlos Castaneda lorsqu’il parle de « réalité ordinaire »
et de « réalité non ordinaire ». La différence entre ces états
de conscience peut par exemple être illustrée en se référant aux animaux :
les dragons, les griffons et d’autres animaux que nous considérerions
comme mythiques en ECO, sont réels en ECC. L’idée selon laquelle ces
animaux sont mythiques est un postulat utile et valide dans la vie en ECO,
mais superflu et hors de propos dans les expériences en ECC. Le mot
imagination peut être considéré comme un terme utilisé par une personne en
ECO lorsqu’elle se réfère à ce qui est expérimenté en ECC. Inversement,
une personne en ECC peut percevoir les expériences en ECO comme étant
illusoires en termes d’ECC. Les deux positions sont justes, considérées du
point de vue de leurs états de conscience respectifs.
Le chamane a l’avantage d’avoir la capacité à se mouvoir à volonté entre
les états de conscience. Il peut entrer dans l’ECO d’un non-chamane et
s’accorder honnêtement avec lui sur la nature de la réalité considérée
dans cette perspective. Puis, le chamane peut revenir en ECC et obtenir
une confirmation directe des témoignages de ceux qui ont rapporté leurs
expériences vécues dans cet état.
L’observation au moyen de nos propres sens constitue la base de la
définition empirique de la réalité ; et pourtant, personne, même dans
les sciences de la réalité ordinaire, n’a pu prouver incontestablement
qu’il y a seulement un état de conscience qui soit valide pour fournir des
observations de première main.
Le mythe de l’ECC est la réalité ordinaire et le mythe de l’ECO est la
réalité non ordinaire. Il est extrêmement difficile de porter un jugement
sans préjugés sur la validité des expériences réalisées au sein de l’état
de conscience opposé.
Pour comprendre l’hostilité profonde et viscérale qui a accueilli les
œuvres de Castaneda dans certains milieux, nous devons garder à l’esprit
que c’est justement ce type de préjugé qui est souvent impliqué. Il
constitue l’équivalent de l’ethnocentrisme existant entre les cultures.
Mais ici, ce n’est pas l’étroitesse de l’expérience culturelle de
l’individu qui constitue l’enjeu, mais l’étroitesse de son expérience
consciente. Les personnes les plus hostiles envers le concept de la
réalité non ordinaire sont celles qui ne l’ont jamais expérimentée. Cette
position pourrait être appelée « cognicentrisme », l’équivalent
de l’ethnocentrisme quant à la conscience.
Un pas vers une solution à ce problème pourrait bien être franchi si plus
de personnes devenaient chamanes, afin qu’elles puissent expérimenter
elles-mêmes l’ECC. De tels chamanes, comme cela se pratique depuis des
temps immémoriaux dans d’autres cultures, pourraient alors communiquer une
compréhension de cette réalité non ordinaire à ceux qui ne l’ont jamais
pénétrée. Cela serait comparable au rôle de l’anthropologue qui, par
l’observation participante d’une culture autre que la sienne, est ensuite
capable de communiquer une compréhension de cette culture à des personnes
qui, autrement, l’auraient perçue comme étrangère, incompréhensible et
inférieure.
Les anthropologues enseignent aux autres à éviter les pièges de
l’ethnocentrisme en apprenant à comprendre une culture selon ses propres
postulats concernant la réalité. Les chamanes occidentaux peuvent rendre
un service semblable en rapport à la problématique du cognicentrisme. La
leçon de l’anthropologue est appelée « relativisme culturel ».
Ce que les chamanes occidentaux peuvent tenter de créer, dans une certaine
mesure, est un relativisme cognitif. Plus tard, lorsqu’une connaissance
empirique des expériences de l’ECC sera atteinte, il pourra y avoir un
respect pour les postulats relatifs à cet état de conscience. Alors
peut-être le temps sera-t-il venu d’analyser sans préjugés des expériences
vécues en ECC en termes scientifiques d’ECO.
Certains pourraient avancer que la raison pour laquelle nous autres
humains passons la plus grande partie de notre vie de veille en ECO est
que la sélection naturelle le voulait ainsi, parce qu’il s’agit de la
vraie réalité, et que les autres états de conscience, excepté le sommeil,
constituent des aberrations qui interfèrent avec notre survie. Autrement
dit, si nous suivons cet argument, nous percevons habituellement la
réalité de cette manière-là parce qu’il s’agit toujours de la meilleure
manière en termes de survie. Mais les récents progrès de la neurochimie
montrent que le cerveau humain possède ses propres drogues de modification
de la conscience, y compris des hallucinogènes tels que la
diméthyltryptamine1. En termes
de sélection naturelle, il semble peu probable que ces drogues soient
présentes si leur capacité à modifier l’état de conscience ne pouvait
conférer quelque avantage pour la survie. Il apparaît que la Nature
elle-même a décidé qu’un état modifié de conscience est parfois supérieur
à un état de conscience ordinaire.
En Occident, nous commençons seulement à comprendre l’impact que l’état
d’esprit a sur ce qui, auparavant, était trop souvent perçu comme des
aptitudes purement physiques. Lorsque, dans un cas d’urgence, un chamane
aborigène australien ou un lama tibétain s’engage dans un « voyage
rapide » – une transe ou technique d’ECC qui permet de
courir sur de longues distances à grande vitesse –, il s’agit
clairement d’une technique de survie qui, par définition, est impossible
en ECO.2
De la même manière, nous apprenons aujourd’hui que nombre de nos meilleurs
athlètes entrent dans un état modifié de conscience lorsqu’ils réalisent
leurs plus grands exploits.
En fin de compte, il semble inapproprié d’avancer qu’un seul état de
conscience est supérieur aux autres en toutes circonstances. Le chamane
sait depuis longtemps qu’une telle assertion est non seulement fausse,
mais encore dangereuse pour la santé et le bien-être. Utilisant une
connaissance accumulée durant des millénaires, aussi bien que ses propres
expériences, le chamane sait à quel moment un changement d’état de
conscience se révèle opportun et même nécessaire.
Dans l’ECC, le chamane n’expérimente pas seulement ce qui est impossible
en ECO, mais il le met en pratique. Même s’il pouvait être prouvé que
toutes les expériences du chamane en ECC résident uniquement dans son
esprit, cela ne rendrait pas cet univers moins réel pour lui. En fait, une
telle conclusion signifierait que les expériences et les actes du chamane
ne sont en aucun cas absolument impossibles.
Les exercices proposés dans ce livre sont ma propre adaptation et
interprétation de certaines méthodes chamaniques millénaires que j’ai
apprises directement auprès d’Indiens d’Amérique du Nord et du Sud,
accompagnées d’informations tirées de la littérature ethnographique, y
compris celle concernant d’autres continents. J’ai adapté ces méthodes
afin que les lecteurs occidentaux puissent utiliser ces techniques dans
leur vie quotidienne indépendamment de leurs orientations religieuses ou
philosophiques. Elles concernent autant ceux qui sont en bonne santé que
ceux qui sont déspiritualisés ou malades. Du point de vue chamanique, le
pouvoir personnel est le fondement de la santé dans toutes les
circonstances de la vie.
Pour tirer le meilleur profit de ce livre, prenez soin de pratiquer les
exercices ou les expériences précisément dans l’ordre présenté, sans
aborder un nouvel exercice tant que le précédent n’a pas été totalement
réussi. Parfois, il est possible pour une personne de franchir toutes les
étapes en quelques jours ; plus généralement, cela prend des semaines
ou des mois.
Le plus important n’est pas la vitesse, mais une pratique personnelle
constante. Aussi longtemps que vous vous efforcerez à pratiquer de manière
disciplinée les méthodes que vous aurez apprises, vous serez dans le
processus qui conduit à devenir un chamane. Et à quel moment êtes-vous un
véritable chamane ?
Ce statut ne peut vous être conféré que par ceux que vous tenterez
d’assister en matière de pouvoir et de guérison. Autrement dit, c’est le
succès reconnu dans votre travail chamanique qui déterminera si vous êtes
effectivement devenu un chamane.
Vous aurez la possibilité de découvrir que, sans utiliser de drogues, vous
pouvez modifier votre état de conscience selon la voie chamanique
classique et entrer dans la réalité non ordinaire du chamanisme. Là, en
ECC, vous pourrez devenir un voyant (celui qui voit), et
entreprendre personnellement le fameux voyage chamanique visant à acquérir
la connaissance expérimentale d’un univers caché. Vous pourrez également
découvrir comment bénéficier de vos voyages en termes de guérison et de
santé en utilisant des méthodes anciennes qui annoncent et dépassent à la
fois la psychologie, la médecine et la spiritualité occidentales. En plus
de cela, vous pourrez apprendre des méthodes qui ne comportent pas de
voyage, et grâce auxquelles le pouvoir personnel est maintenu et amélioré.
Il n’est pas rare que les Occidentaux qui abordent les exercices
chamaniques pour la première fois ressentent une certaine anxiété.
Pourtant, dans tous les cas que je connais, la crainte a été rapidement
remplacée par des sentiments de découverte, d’excitation positive et
d’assurance. Ce n’est pas un hasard si le terme extase désigne à la fois
la transe chamanique (ECC) et un état d’exaltation ou de ravissement
enchanteur. L’expérience chamanique est de nature positive, comme cela a
été vérifié par des millénaires de pratique, et comme j’ai pu le constater
encore et encore dans mes séminaires de pratique où les participants
représentent à chaque fois un large spectre de personnalités.
En un sens, l’ECC est plus sûr que le rêve. Dans un rêve, vous pouvez vous
montrer incapable d’échapper volontairement à une expérience non désirée
ou à un cauchemar. En revanche, vous entrez volontairement en ECC, et,
puisqu’il s’agit d’un état de veille conscient, vous pouvez en sortir à
volonté et revenir à n’importe quel moment en ECO. À la différence d’une
expérience provoquée par une drogue psychédélique, la durée du voyage en
état modifié de conscience n’est pas déterminée chimiquement, et il
n’existe aucune possibilité de rester bloqué dans un mauvais trip.
À ma connaissance, les seuls dangers significatifs liés à la pratique du
chamanisme sont sociaux ou politiques. Par exemple, il était à l’évidence
risqué d’être un chamane en Europe à l’époque de l’Inquisition, et même
aujourd’hui, chez les Jívaro, il peut se révéler dangereux de se faire
accuser d’être un mauvais chamane ou un sorcier, c’est-à-dire un praticien
d’un type de chamanisme qui ne sera pas enseigné ici.
La présentation que je fais du chamanisme dans ce livre est
essentiellement phénoménologique. Je n’essaierai pas d’expliquer les
concepts et les pratiques chamaniques dans l’optique de la psychanalyse ou
de tout autre système occidental contemporain de théorie causale. La
causalité qui est à l’œuvre dans le chamanisme et la guérison magique est,
bien entendu, une question très intéressante et digne de recherches
intensives, mais la recherche scientifique orientée sur les questions de
causalité n’est pas essentielle à l’enseignement de la pratique chamanique
– et cet enseignement est notre principal objectif ici.
Autrement dit, les interrogations d’Occidentaux cherchant à savoir
pourquoi le chamanisme fonctionne ne sont pas nécessaires pour
expérimenter et utiliser ces méthodes.
Lorsque vous commencez à pratiquer les techniques chamaniques, essayez de
suspendre vos préjugés critiques. Prenez simplement plaisir aux aventures
de l’approche magique ; absorbez et pratiquez ce que vous lisez, puis
voyez où vos explorations vous conduisent. Durant des jours, des semaines
et peut-être des années après avoir utilisé ces méthodes, vous aurez
amplement le temps de réfléchir à leur signification d’un point de vue
occidental. La manière efficace d’apprendre le système des chamanes est
d’utiliser les mêmes concepts fondamentaux qu’eux. Lorsque, par exemple,
je parle d’« esprits », c’est parce que les chamanes parlent
ainsi dans le cadre de leur système. Pour pratiquer le chamanisme, il
n’est pas nécessaire, et il est même gênant, de se préoccuper de
comprendre scientifiquement ce que les esprits peuvent réellement
représenter et pourquoi le chamanisme fonctionne.
Les livres de Carlos Castaneda, indépendamment des questions qui ont été
soulevées quant à leur degré de fictionVI, ont rendu un
service précieux en introduisant de nombreux Occidentaux au monde
aventureux et passionnant du chamanisme, ainsi qu’à certains de ses
principes. Dans les pages qui suivent, je ne récapitulerai pas les
informations contenues dans les ouvrages de Castaneda, pas plus que je
n’ai cherché à montrer les équivalences entre ses concepts et ceux
présentés ici. Pour la majorité des lecteurs de ses livres, la plupart des
parallèles apparaissent clairement. Je dois souligner, cependant, que dans
ses livres, Castaneda ne met pas l’accent sur les soins, bien qu’il
s’agisse de l’une des tâches les plus importantes du chamane. Cela
s’explique peut-être par le fait que Don Juan – son enseignant –
est fondamentalement engagé dans une forme de chamanisme guerrier (ou
sorcier).
Mon objectif principal est de fournir un manuel d’introduction à la
méthodologie chamanique ayant pour but la santé et le soin. La voie que je
vous présente est celle du guérisseur, et non celle du sorcier, et les
méthodes indiquées visent à obtenir le bien-être, et à aider les autres.
La connaissance du chamanisme, comme toute connaissance, peut être
utilisée à des fins diverses, selon la façon dont elle est employée. Je
pourrais développer davantage, et peut-être le ferai-je dans le futur,
mais les bases essentielles sont là pour quiconque a la capacité et la
volonté de commencer à devenir un chamane.
Enfin, je devrais déclarer, si cela n’est pas déjà évident, que je
pratique moi-même le chamanisme ; non pas parce que je comprends en
termes d’ECO pourquoi cela fonctionne, mais simplement parce que cela
fonctionne vraiment. Mais n’en croyez pas ma seule parole : la
véritable connaissance chamanique est de l’ordre de l’expérience et ne
peut être obtenue auprès de moi ou de tout autre chamane. Après tout, le
chamanisme est fondamentalement une stratégie d’apprentissage personnel et
d’action fondée sur cet apprentissage. Je vous présente une partie de
cette stratégie et vous souhaite la bienvenue au cœur de la très ancienne
aventure chamanique.